Le Comptoir de Vynnie
Il arrive un moment dans la vie où l’on s’interroge : à quoi bon faire le bien, si tant de mal persiste autour ? Pourquoi tendre la main, quand d'autres blessent sans raison ? Pourquoi rester juste, quand l'injustice semble triompher ?
Et pourtant, chaque acte semé avec le cœur finit par trouver sa place. Ce n’est peut-être pas visible tout de suite, ni récompensé par des applaudissements. Mais l’univers, avec son intelligence subtile, ne laisse jamais une intention sincère sans écho.
Le Bien et le Mal ne sont pas des murs rigides. Ce sont des dynamiques vivantes, des forces qui traversent chacun de nous, tour à tour. Il n’y a pas d’un côté les purs, et de l’autre les coupables. Il y a des êtres humains, imparfaits, sensibles, changeants. Des êtres qui aiment, qui doutent, qui chutent, qui se relèvent.
Le Bien, ce n’est pas une médaille. Ce n’est pas se montrer irréprochable. C’est choisir, dans le silence des jours, la voie qui ne trahit pas notre âme. C’est parfois dire non, parfois se taire, parfois partir. Ce sont ces gestes que personne ne voit : consoler quelqu’un dans l’ombre, défendre sans humilier, donner sans attendre. Ce sont les graines d’humanité que l’on sème un peu partout, sans savoir si elles pousseront.
Et puis, il y a le Mal. Il n’est pas toujours intentionnel. Il peut naître d’une peur, d’un manque, d’une vieille douleur mal soignée. Parfois, on fait mal parce qu’on a mal. Parfois, on rejette l’autre parce qu’on ne se sent pas digne d’être aimé. Parfois, on se ferme par instinct de survie. Cela ne justifie pas tout, mais cela invite à la compréhension, non au jugement.
Il y a aussi la zone neutre, cette ligne grise où l’on ne sait pas quoi faire. Faut-il intervenir ? Se protéger ? Pardonner ? Punir ? Cette neutralité, ce n’est pas de l’indifférence, c’est souvent un temps de maturation, un besoin de recul. C’est là que l’on prend de grandes décisions : vais-je reproduire ce que j’ai subi ? Ou vais-je briser la chaîne ? Vais-je nourrir ma lumière, ou me laisser happer par l’ombre ?
Et dans cette danse du visible et de l’invisible, le retour s’opère. Certains l’appellent karma, d’autres loi du boomerang, ou retour de bâton. Il ne s’agit pas de punition. Il s’agit de résonance.
Chaque pensée, chaque parole, chaque geste porte une vibration. Quand cette vibration part de toi, elle ne disparaît pas. Elle va, elle circule, elle touche, elle transforme… puis elle revient. Pas toujours là où on l’attend, pas toujours comme on l’imagine, mais elle revient.
Celui qui sème la douceur reçoit un jour un regard tendre dans une tempête. Celui qui sème la manipulation finit par se perdre dans sa propre toile. Celui qui agit avec intégrité, même quand personne ne regarde, crée autour de lui une paix que rien ne peut acheter.
Mais l’univers n’est pas un distributeur automatique. Il ne rend pas "œil pour œil" ou "cadeau pour cadeau". Il enseigne. Il équilibre. Il nous ramène à nous-mêmes, encore et encore, parfois par le miroir d’un inconnu, parfois dans le silence d’une nuit difficile.
Et il est bon de se souvenir que le retour s’applique aussi à soi. Quand tu te fais du mal par culpabilité, quand tu te juges sans fin, quand tu crois ne pas mériter mieux… tu nourris un retour intérieur, une douleur persistante.
Alors que lorsque tu te pardonnes sincèrement, que tu choisis de réparer plutôt que punir, que tu avances avec honnêteté, l’univers répond à cette énergie-là. Il ne te juge pas. Il t’écoute.
Il n’y a pas de parcours parfait. Il n’y a que des êtres en chemin. Tu peux avoir été du côté de l’erreur hier, et choisir la clarté aujourd’hui. Tu peux avoir été victime, et refuser de devenir bourreau. Tu peux n’avoir rien compris hier, mais faire un choix différent ce matin.
Tout se transforme, rien ne se perd. Ce que tu fais, ce que tu dis, ce que tu penses, façonne ton monde intérieur, mais aussi ce que la vie t’apportera.
Alors sème.
Même quand tu es fatigué.
Même quand personne ne te remercie.
Même quand tu doutes.
Sème la patience, l’humilité, l’écoute, l’authenticité. Sème les "je suis désolé", les "je t’aime", les "je comprends", même si c’est en toi que ça résonne d’abord. Parce que tout ce que tu sèmes avec le cœur, l’univers le fait fleurir en son temps.
Et si parfois tu ne vois pas les fleurs, n’oublie pas : certaines graines mettent plus de temps à germer.
Mais elles n’en sont pas moins précieuses.