Le Comptoir de Vynnie
Pourquoi les gens sont-ils de moins en moins patients ?
Pourquoi suffirait-il d’attendre deux minutes pour que certains explosent ? Pourquoi a-t-on tant de mal aujourd’hui à laisser le temps faire son œuvre ?
Nous vivons dans une époque où tout est rapide, compressé, pressé. Un message n’est plus une lettre qui met des jours à arriver, mais une notification instantanée. Une information ne s’apprend plus, elle se survole. Une envie ne se prépare plus, elle s’achète.
Le temps est devenu un ennemi. On le craint, on le combat, on le traque.
Et dans ce tourbillon de vitesse, la patience a été reléguée au rang des faiblesses. Comme si attendre, accepter, respirer... c’était être passif, mou, dépassé.
Mais la patience n’est pas une faiblesse. C’est une vertu. Une force. Une sagesse.
Être patient, ce n’est pas subir. C’est choisir d’habiter le moment présent, même lorsqu’il est inconfortable. C’est comprendre que tout ne se résout pas dans l’immédiat. Que les vraies choses prennent racine lentement. Qu’un fruit cueilli trop tôt est encore amer.
Ce n’est pas un hasard si nos anciens étaient patients. Ils avaient appris que la terre pousse à son rythme. Qu’on ne tire pas sur une plante pour la faire grandir. Que les blessures du cœur ne se referment pas en un jour.
Ils savaient que la vie a ses saisons, et qu’il y a un temps pour tout : un temps pour semer, un temps pour récolter. Un temps pour attendre.
Mais aujourd’hui, nous avons désappris cette vertu.
Nous voulons tout, tout de suite. Des réponses rapides. Des résultats instantanés. Des relations parfaites, sans conflits ni lenteur.
Et à force de courir, nous avons perdu le goût d’attendre.
Or, la patience, c’est ce qui fait la différence entre la réactivité et la réponse consciente. C’est ce qui nous évite de dire des mots qu’on regrettera. C’est ce qui nous aide à regarder l’autre avec compréhension, et non avec agacement.
Quand on est patient, on laisse de l’espace à l’autre, à soi-même, à la vie. On apprend à écouter au lieu d’interrompre. On apprend à observer au lieu de juger. On apprend à accompagner au lieu de bousculer.
La patience, c’est aussi le berceau de la résilience.
C’est elle qui permet de traverser les tempêtes, sans se précipiter vers des solutions précaires. C’est elle qui nous rend solides, dans l’attente d’un mieux, même quand tout semble figé.
Et si nous avons perdu cette vertu, ce n’est pas par méchanceté. C’est souvent par fatigue, par peur, par frustration. Parce que nous avons été déçus. Parce que nous avons attendu trop longtemps dans le vide. Parce qu’on nous a appris que la lenteur était un défaut.
Mais il n’est jamais trop tard pour réapprendre la patience.
Elle se cultive comme une plante intérieure. Chaque fois que je respire au lieu de réagir… je la renforce.
Chaque fois que je me dis "ça viendra quand ce sera prêt"… je l’honore.
Chaque fois que j’écoute sans interrompre… je la transmets.
La patience, ce n’est pas l’attente passive. C’est l’art de garder son calme dans l’inconnu, de faire confiance à ce qui mûrit sans qu’on le voie.
Elle est une forme d’amour en action.
Amour de l’autre, car je lui laisse le temps d’être lui.
Amour de moi, car je ne me bouscule plus.
Amour de la vie, car je respecte son rythme mystérieux.
Alors, dans un monde qui va trop vite, choisir d’être patient, c’est résister avec douceur.
C’est dire : "Je suis là. Je suis prêt. Mais je ne forcerai rien."
Et parfois, c’est dans ce silence-là, ce calme-là, que les plus belles choses arrivent.
Le Comptoir de Vynnie 🌿